Le blog de Guy Roux

Cette victoire sur le Brésil n’est en rien miraculeuse. Elle est le fruit d’un travail, d’une organisation, d'un talent, d’une préparation. Les membres de l’Equipe de France – le staff comme les joueurs – sont des gens qui ont de la classe. Les anciens ont retrouvé leur niveau de 1998. Quant aux nouveaux, ils sont au niveau de leurs partenaires. On possède là une très grosse équipe.

Contre l’Espagne, cela n'avait déjà rien à voir avec la chance. La victoire sur le Brésil est due à tout sauf au hasard. On a vu une supériorité physique, psychologique et technique.

Contre la France, la Seleçao ne paraissait pas en bonne forme. Avant, elle faisait peur à ses adversaires et ils pouvaient donc masquer leurs faiblesses. Face à une équipe qui n’avait pas peur, ils ont calé. Cette victoire de la France est tout à fait logique.

Les Français ont commencé la compétition en petite forme et en sont là où on le voit aujourd’hui. On a fait deux gros coups. On va voir si on peut réaliser cela une troisième fois.

On se rend compte que ce ne sont jamais les mêmes joueurs qui sont au top. Hier soir, je retiendrais surtout Zidane, Makelele, Henry, Thuram et Gallas – qui forment sans doute la meilleure charnière centrale. Malouda n’a peut-être pas le niveau de ses partenaires.

Guy Roux

Quelques remarques sur le jeu : certaines équipes nationales sont moins fortes que certains clubs. Pour moi, les meilleurs sélectionneurs sont ceux qui ont entraîné dans les meilleurs clubs. Je pense à Guus Hiddink, Sven-Goran Ericksson, Marcello Lippi et non à Jürgen Klinsmann ou Marco Van Basten.

En France, on a un problème économique, fiscal et social. C’est pour cela qu’Arsène Wenger ne reviendra jamais en France.

Côté joueurs, c’est Klose qui m’a le plus impressionné avec une démonstration phénoménale contre la Suède.

Guy Roux

Hier, j’ai vu les joueurs après le match. Contrairement à tout ce qu’on peut dire et entendre, l’ambiance générale est bonne. Les plus âgés s’occupent des plus jeunes. Zidane a pris Ribéry sous son aile. Comme personne à l’intérieur du groupe ne fait de commentaires, la presse fait son propre roman. Mais moi, j’ai la sensation qu’il existe une excellente ambiance. Tous les joueurs le disent.

Après tout ce qu’on a dit, je crois que c’est une équipe très soudée mais mon impression, c’est que les joueurs ne sont pas en super forme. Reste à voir s’il s’agit d’un état transitoire avec une prochaine montée en puissance ou s’ils sont au maximum de leur potentiel.

Il y a une controverse à propos de Zidane qui n'était pas sur le banc. Certains ont dit que le meneur de jeu des Bleus était dans les tribunes avec sa famille. Je ne l’ai pas vu. Il devait être dans le vestiaire. Sinon, les télévisions auraient braqué leurs caméras sur lui. A mon avis, il a fait ça pour que l’attention se focalise sur les joueurs présents sur le terrain. C’est d’ailleurs ce qu’il avait fait en 1998 lorsqu’il était suspendu.

J’ai vu la liesse populaire qu’avait déclenché la qualification de l’Equipe de France pour les huitièmes de finale. C’est même un peu plus tôt qu’en 1998. A l'époque, cela avait commencé avec la victoire contre le Paraguay.

Guy Roux

Le match d’hier (Brésil - Japon) m’a fait revivre des émotions datant de 1970. C’était certes un match sans enjeu mais la Seleçao a été extraordinaire, enchaînant les 1-2, les 1-2-3. Avec le Brésil, j’ai vu des choses comme rarement dans le football. Pendant l’année, on ne voit ça qu’au Barça.

A mes favoris précédemment cités – l’Argentine et l’Allemagne --, je rajoute le Brésil. Je trouve que cette équipe produit plus de fioritures alors que les Albicelestes sont implacables.

Quels outsiders ? Le Portugal ? Il faudra voir. L’Angleterre ? Ils ne sont jamais irrésistibles, jamais flamboyants. Ça fait 40 ans qu’on n’a rien vu.

Guy Roux

Le match opposant les Italiens aux Américains a été pour moi le match le plus passionnant depuis le début de cette Coupe du Monde. La Squadra Azzura a été plutôt mauvaise, elle a raté son match. Surtout qu'à 10 contre 9, elle aurait dû estoquer les Etats-Unis.

Sans doute l'Italie a-t-elle sous-estimé ses adversaires. Ces derniers n'ont pas été des figurants intelligents mais des figurants efficaces. Ils ont attaqué comme des malades. Avec 8 joueurs de champ, ils ont produit des attaques phénoménales. C'est exceptionnel !

Sur le match Croatie-Japon, je retiendrais que les Croates ont raté un penalty. Ca ne pardonne pas à ce niveau de compétition. Quant aux Japonais, ils ont fait "du japonais" à savoir courir partout et vite. Mais à 10.000 kilomètres de leur base, c'est moins bon.

Guy Roux

J’étais hier à Hambourg pour un des matches-phare du groupe C. Dans les tribunes, l’ambiance était bon enfant : beaucoup d’Argentins, d’Ivoiriens mais aussi de Danois, venus en voisins.

Pour moi, Argentine – Côte d’Ivoire fut le plus beau match du tournoi jusqu’à maintenant. Les Argentins ont montré une très grosse expérience et beaucoup de maîtrise technique avec les virtuoses que sont Saviola et Riquelme. En deuxième mi-temps, les Argentins avaient deux possibilités : tuer le match en mettant un troisième but ou contrôler le match. Ils ont choisi la seconde solution et les Ivoriens sont revenus à un but, à 10 minutes de la fin. Cela s’explique dans la mesure où les Argentins ont levé le pied.

De leur côté, les Ivoriens ont été un peu malchanceux et ont manqué des occasions. Pour leur première Coupe du Monde, ils n’ont pas été ridicules, loin de là. Crespo a  un peu de chance sur le premier but. Et sur le deuxième, les Ivoiriens sont victimes de la nouvelle interprétation du hors-jeu.

Drogba a raté une ou deux occasions mais a inscrit un but pour la Côte d’Ivoire. Akale a réalisé une bonne première mi-temps. Kalou a été combatif mais assez brouillon. Le vrai problème de cette équipe est le gardien qui n’a pas vraiment le niveau pour jouer la Coupe du Monde.

Finalement, ce match a démontré que l'Argentine est présente, qu'elle est à l’heure au rendez-vous.

Guy Roux

J’étais en ligne avec lui il y a quelques minutes et les nouvelles sont bonnes ! La fracture est réduite et on vient de lui poser une broche. Il pense courir dans 3 mois et demi - quatre mois et rejouer dans cinq. Le moral est excellent. Il est en ce moment avec sa famille.

Je vous remercie tous par avance pour vos messages de soutien à Djibril sur ce blog".

Guy Roux 

Je suis arrivé hier très tôt à Munich. La FIFA et l’Allemagne avaient organisé une première soirée avec beaucoup de tact, de goût et même de bon goût. Hier, il y av ait 60.000 spectateurs dans le stade. Et bien, il y avait des drapeaux pour chacun d’entre eux mais seulement 10.000 allemands ; la majorité étant des drapeaux aux couleurs rouge et bleue. J’ai l’impression que les Allemands ne veulent pas faire du Mondial une fête nationaliste mais une véritable fête du sport, multiculturelle. Par exemple, des Allemands avaient pris place dans la tribune réservée au Costa-Rica et tout s’est parfaitement déroulé, sans aucun incident.

J'étais présent en 1974 lors de cérémonie d'ouverture. 22 ans plus tard, on a retrouvé le folklore bavarois allié à une musique plus moderne. J’ai notamment apprécié un groupe de musiciens africains. C’était très sympa surtout en Allemagne où on n’a pas toujours eu une grande ouverture d’esprit.

Au niveau du service de sécurité, Je me souviens qu’en 1974, il y avait des chiens partout. On se serait cru en 1943 en France. Cette  année, on voit un policier tous les 100 mètres. De plus, ils ne portent ni casque ni bâton et n'hésitent pas à rendre service. En comparaison, on a l’impression que les matches au Parc des Princes se déroulent en temps de guerre. 

Je me suis baladé hier soir dans Munich. C’était très sympa. Il y avait une foule de gens de tous les pays et la bière coulait à flot. D’une manière générale, on sent qu’il y a une grande volonté des autorités pour que l’événement se déroule dans la meilleure des ambiances.

Guy Roux